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  • Benoît CHALAND

Comment aider mon compagnon, face à un deuil ?

Il y a un mois, mon compagnon a perdu son grand-père, d’un arrêt cardiaque. Il y a deux semaines, il m’a avoué en avoir marre de tout, être toujours fatigué, il veut changer de vie et partir en oubliant tout et tout le monde. Il s’isole, rejette les choses en bloc, se réfugie dans le travail, qu’il critique fortement alors qu’il a toujours apprécié son travail (avec des hauts et des bas comme tout le monde). Il m’évite, nesait plus s’il veut rompre ou pas, il dort peu et est depuis 3 semaines tout le temps malade (grippe, angine, toux). Depuis que l’on est ensemble, je ne l’ai jamais vu malade. Et il ne veut pas se soigner, prétextant un manque de temps. Il a changé totalement de comportement et de quelqu’un de dynamique, de drôle, il est devenu une ombre, amorphe, sans envie. Pour avoir vécu plusieurs deuils, je sais que

nous devons passer par différentes phases. Mais je suis assez démunie pour essayer de lui faire comprendre qu’un changement de vie ne l’aidera pas à accepter cette épreuve. Il souffre et le voir souffrir, ça me fait souffrir. Je voudrais trouver des mots, des pistes pour l’aider. J’aimerais partager mon expérience avec lui mais je ne sais pas si cela pourrait l’aider. Je me sens impuissante, et j’ai l’impression de passer pour une égoïste de vouloir

l’empêcher de « partir pour se sentir mieux ». Si nous devions nous séparer, cela serait douloureux oui, mais c’est encore plus douloureux de se sentir dans l’impossibilité de trouver un moyen de l’aider.


Bonjour,

Vous liez d’emblée les comportements de votre compagnon avec le décès de son grand-père…. et les symptômes que vous décrivez sont effectivement considérés comme des signes de dépression : fatigue, perte d’intérêt, perte de sommeil, isolement…Si l’hypothèse que vous faites est la bonne, il serait important de savoir si votre compagnon a pu, au même titre que le reste de sa famille (je l’imagine) dire au revoir à ce grand-père ou bien si les circonstances ne l’ont pas permis. Dans ce cas, il serait important qu’il puisse lui dire au revoir d’une manière ou d’une autre… Cela pourrait l’aider à faire ce deuil. Bien que j’observe que les « mouvements psychiques » de votre compagnon vous inquiètent, une période de troubles dépressifs est normal a priori après un deuil, d’autant plus si ce grand-père comptait affectivement à ses yeux. Dire et penser « à haute voix » n’est pas « faire » et votre compagnon est affecté par cette perte et vit des remaniements psychiques importants. Il est donc nécessaire de faire preuve de patience… et de lui laisser du temps, tout en l’entourant du mieux que vous pouvez et qu’il accepte. S’il vous met à distance, acceptez avec bienveillance comme un besoin de « faire le point avec soi-même ». Vous ne pouvez évidemment pas décider à sa place s’il a besoin d’un soutien extérieur…. Une petite visite chez le médecin et un traitement « antidépresseur » peuvent peut-être l’aider si les troubles s’aggravent et l’empêche sérieusement de conserver sa vie professionnelle et affective sur le long terme. Il est le seul à pouvoir décider ce qui est bien pour lui…. Si la situation dure, il

peut être aussi important pour vous de trouver de l’aide extérieure pour trouver la distance nécessaire face à sa situation. Toutefois, des questions se posent…Si cet état dépressif prend dans le temps une forme « pathologique » (c’est-à-dire qu’elle devient un obstacle à sa vie sociale et professionnelle), on peut faire l’hypothèse que ce décès n’est qu’une réac-

tualisation d’une problématique plus ancienne qui resurgit aujourd’hui et demande à trouver une issue… et à être traitée par une thérapie… D’autre part, bien que vous ayez lié ses

troubles à ce décès, il n’est pas non plus exclu que la cause soit ailleurs. Je ne dispose pas ici de suffisamment d’éléments pour élaborer d’autres hypothèses… c’est pourquoi, si la situation de votre ami perdure, s’aggrave sur le plan psychologique et qu’il en dénie l’importance, il serait judicieux de l’amener (si cela est possible) à consulter son médecin généraliste qui l’orientera peut-être vers un psychologue ou un médecin psychiatre si nécessaire…


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